Le Cyanotype par Typhaine

En cette journée ensoleillée, je me suis rendue dans un lieu magique et rempli d’histoire : Les ATEliées ! Un atelier partagé dans le quartier de Tasdon à La Rochelle.

Typhaine de la Boutique Kokoriko nous y attendait, entourée de bleu, de lumière et de silence.
Il y avait quelque chose de suspendu dans l’air, comme si le temps ralentissait un peu.
On a parlé d’images, de gestes, de transmission, de liberté aussi. J’ai découvert une pratique aussi poétique qu’engagée, et une femme dont le parcours est tissé de choix forts.

Et si toi aussi, tu faisais un pas dans son monde ?

Peux-tu te présenter et nous raconter ton parcours en quelques mots ?

Je m’appelle Typhaine Bertaut, j’ai 37 ans, je suis originaire de Normandie et je me suis installée en Charente-Maritime en 2017. Diplômée des Beaux-Arts de Caen, d’une maîtrise en arts, d’un master en métiers de l’enseignement et de la formation à Rennes, d’un bachelor en marketing et communication, je suis aujourd’hui artisane en photographie. J’ai évolué dans des secteurs très variés : le privé, le public, l’associatif, le tourisme, l’art, la banque, l’enseignement… Ces expériences m’ont permis de savoir ce que je souhaitais vraiment faire. Après un bilan de compétences, l’envie de transmettre mon savoir-faire et de créer, sont apparues comme une évidence.

Le cyanotype par Typhaine

C’est ainsi qu’est née mon entreprise Kokoriko en 2019. Cet été, j’ai eu le plaisir de recevoir la reconnaissance d’artisan d’art.

Artisane en photographie alternative et ancienne, spécialisée dans le cyanotype, un ancien procédé photographique inventé en 1842. Je propose des créations uniques (affiches, bijoux, déco, vêtements…) et j’organise des ateliers autour de cette pratique qui émerveille petits et grands grâce à la magie de la nature qui intervient dans cette technique ancestrale. J’accompagne chaque participant tout au long du processus en confiant mes astuces avec quelques anecdotes. Je partage cette passion à travers des ateliers, des interventions, des expositions. Je suis ravie d’exercer un métier passion qui me permet de m’épanouir pleinement.

Peux-tu nous expliquer ce qu’est le cyanotype ?

Le cyanotype est un ancien procédé photographique découvert en 1842, au début de l’histoire de la photographie, par le scientifique britannique John Herschel. C’est une technique fascinante qui permet de créer des images sans appareil photo, d’obtenir des empreintes végétales en impression solaire dans un magnifique bleu, qu’on appelle aussi bleu de Prusse.

Concrètement, on utilise une solution photosensible à base de sels de fer. On applique ce mélange sur un support perméable – généralement du papier, mais cela peut se faire également sur du tissu, du bois ou même des galets – puis on y dépose des éléments de composition (végétaux, plumes, découpages…) que l’on veut faire apparaître. Ensuite, on expose l’ensemble au soleil. Les zones exposées aux UV réagissent, puis on plonge le support dans un bain de rinçage, progressivement au contact de l’air, une empreinte au rendu bleu apparaît pour un émerveillement sans pareil. Chaque cyanotype est unique : on ne sait jamais exactement quel rendu on va obtenir. 

Qu’est-ce qui t’a donné envie de te lancer dans ce type de création artistique ?

Ce qui m’a donné envie de me lancer, c’est avant tout ma passion pour la photographie. C’est une passion que j’ai héritée de mon grand-père. Dès l’âge de 10 ans, j’ai eu la chance d’avoir mon propre appareil photo argentique. Pour moi, c’était une évidence : capturer le monde, les instants, les émotions, les détails… 

Comment choisis-tu les éléments que tu vas utiliser pour tes impressions ?

J’utilise les éléments de la nature, des plantes, des algues que je sélectionne dans mon herbier où les végétaux sont préalablement pressés et séchés, j’ai une préférence pour la finesse et la transparence des végétaux qui apporte de la légèreté et une certaine beauté. J’aime également travailler le résultat en ajoutant des gouttes d’eau, c’est ma petite touche personnelle, une façon d’ancrer l’éphémère et le sensible dans mes réalisations, en lien avec la nature et l’émotion qu’elle suscite. J’intègre aussi des photographies personnelles de lieux que j’imprime de manière artisanale grâce à cet ancien procédé. 

Peux-tu nous parler des ateliers que tu proposes chez Kokoriko ? 

J’ai choisi de proposer des ateliers qui s’adressent à tout le monde (à partir de 7ans), pour partager mon savoir-faire dans les pratiques photographiques anciennes, essentiellement sur le cyanotype pour commencer. Les ateliers durent environ 2h, vous pouvez choisir de faire un atelier d’initiation, ou bien de sélectionner une thématique comme par exemple, développer ses photographies personnelles en cyanotype, imprimer sur différents supports : tissu, galet… 

J’ai aussi co-élaboré un stage unique mêlant deux pratiques « cyanotype sur céramique » en partenariat avec Aude Webber, une céramiste. Suite au succès rencontré, nous proposerons des prochaines dates. C’est en septembre 2024 que j’ai rejoint le lieu partagé, les Ateliées, dans le quartier de Tasdon à La Rochelle où nous sommes désormais 8 artisanes à proposer des ateliers. Cet été, nous proposons un stage multi-activités d’une semaine pour les enfants et dès la rentrée, j’interviendrai les mercredis, avec d’autres artisanes sur une offre multi-activités pour les enfants et une autre pour les ados. Plus d’informations sur le site du lieu partagé : www.lesateliees.fr

Qu’est-ce qui te plaît dans la transmission ? As-tu un souvenir marquant d’un atelier ou d’un participant ?

J’aime accompagner les personnes tout au long de la découverte de ce procédé et observer leur émerveillement face à ce qu’il réalise. Lors d’un atelier pour enfants, un garçon de 7 ans m’a dit “je sais ce que je veux faire plus tard, le même métier que toi !” Il m’a questionné sur mon parcours et m’a demandé la liste du matériel à avoir pour créer son propre atelier. Il ne lui restait plus qu’à convaincre ses parents.

Qu’aimerais-tu que les gens retiennent ou ressentent après avoir participé à un atelier avec toi ?

Ce que je souhaite avant tout, c’est que les participants passent un bon moment, qu’ils ressentent un lâcher-prise, une bulle hors du quotidien. J’aime qu’ils repartent ravis avec leurs réalisations et qu’ils portent un tout nouveau regard sur la multitude de possibilités qui s’offre à eux avec cette pratique, mais aussi avec l’envie de renouveler l’expérience, que ce soit avec le cyanotype ou d’autres pratiques artistiques. Et surtout… qu’ils prennent ce temps pour eux, pour créer, respirer, se re-connecter. Une participante m’a d’ailleurs recontactée après un atelier pour me dire qu’elle s’était inscrite à d’autres ateliers artistiques, je suis ravie pour elle. 

Aujourd’hui, on parle beaucoup d’artisanat mais on voit peu les visages. Trouves-tu qu’on invisibilise trop les créateurs au profit du produit fini ?

Je pense que beaucoup de gens apprécient voir les visages ; il est important de mettre de l’humain derrière un produit fait main. Cela dit, il faut aussi comprendre que la plupart des artisans ne sont pas toujours à l’aise pour se mettre en avant, ou simplement n’ont pas le temps. En plus de leur travail de création, il y a tout ce qu’on ne voit pas : l’administratif, la comptabilité, la communication, la gestion du site internet, les emballages, les envois, la relation client, les échanges avec les fournisseurs et partenaires… Une vraie charge mentale au quotidien ! 


Je pense que beaucoup de gens aiment voir des visages, sentir l’humain derrière un produit fait main. Cela dit, il faut aussi comprendre que la plupart des artisans ne sont pas toujours à l’aise pour se mettre en avant, ou simplement n’ont pas le temps. En plus de leur travail de création, il y a tout ce qu’on ne voit pas : l’administratif, la comptabilité, la communication, la gestion du site, l’emballage, les envois, la relation client, les échanges avec les fournisseurs et partenaires… C’est un vrai marathon au quotidien.

Qu’est-ce que cela représente pour toi d’être une artisane aujourd’hui ?

La liberté avant tout ! C’est aussi une fierté de pouvoir travailler ma créativité et de perpétuer une tradition artisanale méconnue. Être artisane aujourd’hui, c’est un choix personnel qui me permet de m’épanouir professionnellement. Ce n’est pas toujours simple, il y a des hauts et des bas… mais la passion aide à poursuivre. Rien n’arrive tout seul : si on ne fait rien, il ne se passe rien, cela motive pour avancer.

As-tu des projets à venir, des envies de collaborations ou d’exploration d’autres techniques ?

En ce moment, je travaille sur un projet mêlant cyanotype et textile, mais aussi sur deux expositions à venir : l’une en septembre à la Fête des Arts de Nieul, l’autre en décembre à la médiathèque d’Aytré. Je propose aussi des ateliers toute l’année, et quelques dates sont prévues cet été. Il y aura notamment un atelier très demandé autour du développement de photographies personnelles en cyanotype, et un autre pour découvrir la technique avec plusieurs créations.

Quels conseils donnerais-tu à quelqu’un qui souhaite se lancer dans la création ?

Ose ! On a qu’une vie, si ça ne marche pas, tu rebondiras et tu n’auras pas de regret de ne pas avoir tenté. J’ai tendance à beaucoup réfléchir avant de me lancer et j’ai fini par écouter quelqu’un qui m’a dit, lance toi et réfléchi après ! Si je ne l’avais pas fait, je serai encore en train de parfaire un business plan…

Un livre, une musique ou un film qui t’inspire dans ta pratique ?

Il y a un film qui m’a marqué dans mon enfance, il s’agit de Forrest Gump avec cette citation « La vie, c’est comme une boîte de chocolats. On ne sait jamais sur quoi on va tomber. » et finalement c’est un peu ce qu’il se passe dans mon aventure d’auto-entrepreneuse et de processus de création, je ne connais pas la suite mais j’avance.

Félicitation Typhaine !

Un immense bravo à Typhaine, fraîchement reconnue artisane d’art par la Chambre des Métiers et de l’Artisanat. Une belle reconnaissance pour un travail sensible, engagé et lumineux.
On a hâte de découvrir la suite de cette aventure bleue, promesse de beaux projets à venir.

Et si tu venais tester ?

En quittant l’atelier, il restait ce bleu sur les doigts… et cette sensation d’avoir un peu suspendu le temps.

Typhaine proposera encore plusieurs rendez-vous cet été, dont :
12 août à 18H : Découverte du cyanotype aux ATEliées 53 rue Emile Normandin 17000 LA ROCHELLE Réservation sur mesateliersdiy.fr
→ Rdv un mardi par mois de 18h à 20h. Adolescents et adultes. Débutants et initiés

→ Stage pour enfants dès 7 ans et adultes pendant les vacances ou sur week-end 

→ Prochain stage “les arts d’été” pour les enfants, semaine du 28 juillet 2025 – multi-activités avec 5 artisanes des Ateliées, inscription sur www.lesateliees.fr 

→ Possibilité d’organiser un atelier à la demande dès 4 participants

Nouveauté ! Intervention le mercredi 15h30-17h sur quelques séances dans l’offre multi-activités pour les adolescents dès 12 ans sur l’année scolaire 2025-2026

Moi, j’y retournerai, c’est sûr.

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