« Le Kintsugi est l’art de la réparation, transformant cicatrice en poésie »
C’était un simple jour d’octobre lorsque j’ai franchi la porte de l’atelier d’Izumi, pour en ressortir avec des étoiles plein les yeux. L’atmosphère, les objets réparés avec tant de délicatesse et l’énergie d’Izumi m’ont captivée. Cet article vous dévoile ce qui m’a tant impressionnée, en racontant l’histoire d’Izumi, celle du Kintsugi et de sa philosophie. Une philosophie qui, au-delà de l’art, nous invite à voir la beauté dans les fêlures de la vie.
Vous découvrirez comment cette technique ancestrale transforme l’imperfection en œuvre d’art et comment Izumi incarne cette magie à chaque geste.
Adèle : Izumi, peux-tu nous expliquer ce qu’est le Kintsugi ?
Izumi : Le Kintsugi (金継ぎ) est un art traditionnel japonais qui signifie « jointure en or ». C’est une technique de réparation des objets cassés où les fissures sont soulignées avec de l’or, de l’argent ou du laiton. Il s’agit d’une façon unique de voir la beauté dans l’imperfection. L’histoire du Kintsugi serait née d’une légende concernant un empereur japonais, Ashikaga Yoshimasa, qui a renvoyé une porcelaine chinoise brisée pour réparation directement en Chine. Revenue agrafée et totalement insatisfait de cette réparation, il a demandé à ses artisans laqueurs japonais de la réparer à nouveau ! C’est là qu’ils ont transformé les fissures en branches et les trous en fleurs de cerisier, sublimant ainsi l’objet. L’art est né et a été reconnu comme un art officiel.
Adèle : Et le Tsukumogami, qu’est-ce que c’est ?
Izumi : Les yōkai sont des créatures surnaturelles, esprits ou démons très présents dans la culture Japonaise. Le Tsukumogami est un objet du quotidien devenu yōkai une fois l’âge de 100 ans dépassé. Si un objet est brisé et jeté, cet esprit mécontent peut revenir et vous jouer des tours dans votre maison. Cela apporte une dimension spirituelle au Kintsugi, où l’on répare l’objet pour honorer l’esprit qui y réside.
Adèle : Peux-tu nous parler un peu de toi et de ton parcours ?
Izumi : Je suis entourée d’une famille de graveurs et la gravure à été mon premier moyen d’expression qui a donné lieu à de nombreuses expositions. J’ai fait des études d’arts appliqués et créé mon entreprise de communication visuelle en 1998.
En parallèle, j’ai enseigné les arts plastiques et la céramique dans un atelier d’art pendant 22 ans, auprès d’enfants de 4 à 14 ans. Je suis également auteure et illustratrice, avec 13 livres publiés. J’ai commencé par illustrer 4 livres pour adultes, en collaboration avec Raphaëlle Giordano, sur des thématiques de développement personnel. En 2016, je me suis tourné vers l’illustration de livres jeunesse avec les éditions A2mimo et je travaille actuellement sur un livre que je suis en train d’écrire et d’illustrer. Je ne vous en dirai pas plus pour l’instant ! Cette activité me permet de donner cette fois des ateliers autour de mes albums et de rencontrer le jeune public et exposer mes illustrations dans les écoles, des salons du livre, des médiathèques…
J’ai découvert la céramique il y a plus de 15 ans, grâce à deux céramistes contemporaines qui m’ont formée au modelage et au tournage. Après cela, j’ai voulu voler de mes propres ailes et j’ai commencé à façonner mes créations dans leurs ateliers à Paris. Lorsque j’ai pu installer mon propre atelier à La Rochelle, reprendre l’enseignement était une évidence. Aujourd’hui, j’ai ouvert mon atelier à des cours pour adultes, pour des cours réguliers ou ponctuels et je forme également des encadrants de personnes en situation d’handicap aux arts plastiques et à la céramique dans un centre de formation Rochelais.
Adèle : Quelles sont vos sources d’inspiration ?
Izumi : Je trouve énormément d’inspiration dans la nature, la faune et la flore. Ma technique de prédilection est de dessiner directement dans la terre, en utilisant des techniques permettant de révéler mes traits gravés comme dans la gravure. Le thème principal de mes créations sont les faux-semblants, les proies et les prédateurs masqués. Mon travail est centré sur des pièces uniques, des œuvres d’art que je crée pour moi avant tout, et que je propose dans mes boutiques à Paris et à La Rochelle.
Adèle : Pourquoi avoir choisi d’enseigner le Kintsugi ?
Izumi : Le Kintsugi m’a toujours fascinée, c’est une technique qui permet de réparer, de donner une nouvelle vie aux objets, et elle porte en elle une profonde philosophie de résilience. Étant moi-même d’origine japonaise, c’était une évidence pour moi de transmettre cette pratique et de la relier à ma passion pour la nature et la transformation des objets.
Adèle : Pourquoi devrait-on participer à vos ateliers ?
Izumi : Les ateliers de Kintsugi ne sont pas seulement une occasion d’apprendre une technique, mais aussi de comprendre la philosophie derrière cette pratique. C’est un moment de transformation, où l’on apprend à apprécier l’imperfection et à trouver la beauté là où on ne l’attendait pas. C’est une expérience profondément connectée à soi-même et à cet esprit philosophique de sublimation.